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La meilleure façon de marcher
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1 décembre 2010

10 kilometres a pied, ca use les souliers

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Le Nord du Laos est un endroit formidable si l on veut partir a la decouverte de ces paysages et de ses habitants : nous choisissons de faire confiance a une agence qui vient de lancer un nouveau trek dans une région encore inexplorée bien qu il soit un peu perdu en nous voyant arriver avec nos deux enfants en bas âge. Au registre des demandes spéciales, je lui demande du lait ; c est alors que je vois son visage se deformer d incomprehension, il est trop tard pour changer d avis au moment de discuter le prix alors qu il nous demande si nos enfants ont moins de 8 ans.

Dernier soir avant le départ, on se demande à quelle sauce on va être manger : bien que l'eau et les sacs de couchage soient fournis c'est à nous de les porter. En dehors de nos affaires, il va falloir ajouter 4 sacs de couchage et 8 litres d'eau ( 1 litre par jour et par personne) sachant que nous prenons la décision importante de tout mettre dans un seul sac à dos pour que l autre puisse porter Camille lors de ses coups de pompes.

RDV à 8h30. Nous partons avec Elly et Tong, originaires d une ethnie Hmong comme les villages que nous allons traverser et pourront nous servir d'interprètes pour ceux qui l ignorent les Hmongs ont la vie dure au Laos car ils paient le prix fort d avoir choisi le camp des Americains lors de la guerre du Vietnam, des villages ont disparu, certains ont fui tandis que d autres se cachent dans la montagne.

Après 1H30 de tape cul, nous voici dans la campagne profonde, les gens se retournent sur nous et les enfants nous adressent de grands signes et de beaux sourires. Nous marchons une heure, traversons la rivière Nam Ha en barque de bois très fine et tres allongee, il ne faut pas perdre l'équilibre. Nous croisons les pêcheurs qui après avoir lance leur filet tapent sur l'eau pour capturer des poissons. Arrêt pique nique au bord d'une rivière a l ombre d un tamarin. Ce fruit est surprenant .

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Nous quittons la vallée pour pénétrer dans la montagne, on croise des vaches et des cochons (sauvages ?), ils marchent à côté de nous ; les enfants avancent bien. Nous marchons depuis 3 heures maintenant, Tong nous annonce qu'il reste 50 minutes, il est 16h ou 17h. Effectivement le ciel se dégage on aperçoit de plus en plus de rizières, on salue les travailleurs, on apprend qu'il existe plusieurs types de culture de riz, la culture de plaine qui demande beaucoup d'eau et celle de montagne moins consommatrice d eau mais moins rentable et qui se récolte seulement une fois par an.

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Pour ceux que cela interesse, Franck complete les commentaires des guides et me raconte CO2 Mon Amour : les Chinois ont trouvé un moyen 100% bio d'augmenter la culture de riz : il faut mettre des canards dans les rizières, ils débarasset les plantes des insectes et leurs déjections sont un engrais formidable, merci les podcasts.

Mais les rizières se suivent encore et encore puis viennent les passages de ruisseaux : nous n'avons pas pris nos tongs donc notre guide nous organise des traversées tantot sur du bambou, sur du bois ou sur des cailloux ; il y a 1 ruisseau, puis 2 puis 3 puis 4 puis 5 puis 6, on ne sait plus quand cela va s'arrêter ; on marche depuis des heures, les enfants tiennent toujours le coup mais la fatigue se fait sentir et le soleil commence à disparaître. C est alors que nous entrons dans le village. Simultanement on apprend que ce n'est pas ici que l'on va dormir et qu'il nous faut encore faire 40 minutes de marche ; etant donné que les temps qu'il nous a annoncés jusque là ont ete multipliés par 2, j'essaie de garder mon calme en imaginant marcher encore 1h30 avec les enfants en pleine nuit. C'est dans cet état que nous pénétrons dans le premier village.

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Le choc qui va suivre est mémorable. Pour bien comprendre : ici tout le monde vit de son elevage, des boeufs pour les plus riches et du poulet pour les autres. Il y a encore moins d'une dizaine d'années, moins de 10% des enfants du village étaient scolarisés. Aujourd'hui il y a une quarantaine de famille dans le village habitant dans des maisons traditionnelles lao et aussi des maisons dont ils ont copies l architecture a leurs voisins des plaines. C'est à ce moment là que nous prenons réellement conscience de ce que signifie  'le trek est ouvert depuis 2 mois seulement'.

Les habitants du village n'ont pas vu beaucoup de touristes blancs mais surtout, jamais oh grand jamais, d'enfants. Nous arrivons par le terrain de foot et tout le monde stopppe immédiatement le jeu, ils sont prostres, ne bougent pas et ne nous quittent pas des yeux. A peine 30 secondes après avoir posé notre sac à dos une trentaine d'enfants nous observent. Nous sourions, disons bonjour, echangeons quelques signes, nous prenons des photos, leur montrons les photos. Ils se jettent tous sur l'appareil sans un mot. Nous continuons notre visite du village en moins de 3 minutes, il y a plus d'une soixantaine de personnes autour de nous, des femmes et des enfants.

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Raphael et Camille, epuises, sentent bien qu'ils sont l'attraction du village. Impressionnes. Je comprends la paralysie des footballeurs lors d'un match à fort enjeu. Je realise a quel point transformer l envie est un exercice hasardeux. notre coeur nous dit de les aborder tans que nos lqngues sont anesthesiees. Je sais pertinemment que l'un des moments les plus forts de notre voyage est entrain de se jouer là. Nous touchons du doigt notre graal, ce pourquoi nous sommes en route depuis tant de mois, le match de notre vie. Pourtant nous ne reussissons pas à rentrer dans le match, il y a trop de monde, l'enjeu est trop important. Et nos entraineurs nous pressent, le chrono tourne, il fait nuit maintenant.

Je ne sais pas à qui m'adresser en premier, comment former mon action, mes coéquipiers sont énervés ou aphones, ils n ont plus de jambes. J'ai bien une belle occasion : j'entreprends de communiquer avec un enfant il vient me donner la main dans son petit pyjama tout sale, il m'offre ses yeux curieux, les femmes sont souriantes, genées aussi, elles rient entre elles en nous regardant. Je voudrais tant échanger, les connaître un peu, je leur dis que je suis heureuse de visiter leur pays et leur région que c'est une chance pour nous de decouvrir leur village, elles me font des compliments sur les enfants. J'ai les jambes qui tremblent, mon coeur se serre, je suis dans un état second, la fatigue, l'émotion, je me tétanise, mes yeux s'embrument, c'en est trop pour moi, je suis a la fois decue de passer à côté de cette rencontre et emue de ces quelques instants.

Mais y-a -t-il vraiment un autre moyen en passant si furtivement je voudrais m arrêter, m attabler partir au champ mais il faut partir. Le dernier tronçon est dur très dur, je porte Camille puis Raphael dans le porte bébé, mon dos est en compote. Les guides préparent des fried vegetables et du riz puis dodo pour tout le monde. Nous dormons chez la grand mere de notre guide.

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Nous mangeons à même la terre avec nos frontales pour nous éclairer. Les toilettes sont a l'arrière du jardin, un bon engrais. Et là nous commettons incconsciemment notre premiere gaffe : les lits sont installés juste en dessous du chamane, les hmongs sont animistes et croient a toutes sortes d esprit. Les enfants decouvrant l installation et a bout de forces se jettent sur le lit geant mais on nous explique que les pieds ne peuvent pas etre diriges vers le chamane. Camille se déchaîne en faisant des galipettes et devinez ou vont ses pieds. Comment explique a un enfant de 2 ans 1/2 que ses pieds ne peuvent pas aller dans telle direction ? La mamie gémit et fait des grands gestes mais il est quasi impossible de calmer nos enfants.

Puis 2eme erreur : au petit matin nous empruntons sans le savoir la porte des esprits, celle que l'on utilise seulement pour sortir les corps en cas de deces ou pour accueillir les nouveaux couples lors des mariages.

Lendemain matin les enfants ont du mal à se remettre en route, ils trainent les pieds. Nous visitons l'école, j'echange quelques mots avec une jeune maman. Camille râle, chigne, ne sait pas ce qu'il veut : un bâton, marcher s'arrêter. Il fait chaud, très chaud, et nous marchons sur un chemin en plein soleil. Au bout de 2 heures et demi je pense que nous avons fait l'équivalent de 30 minutes de marche.

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Pause : l'arrêt est sympathique, les enfants se prennent en photo, les gens sont souriants, nous echangeons quelques mots. Nous voyons des enfants qui viennent de tuer un oiseau avec un string shot. Raphael prend l'oiseau mort dans ses mains, témoin de la cruauté enfantine !

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Je sens les guides legerement anxieux. Ils me font remarquer que si nous continuons à ce rythme là nous ne pourrons pas être de retour ce soir. Je décide de mettre carte sur table avec les enfants, leur expliquer la situation et leur dire que nous ne pourrons pas ceder à leur caprice qu'ils doivent faire tous les efforts pour que nous puissions acceler le rythme et Raphael doit puiser dans ses ressources pour augmenter la cadence. Et ca marche ! Nous avançons bien maintenant. Au bout d'une petite heure Camille reprend la rmarche et il attaque !

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Dejeuner en 30 minutes dans la foret puis l arrivee bien meritee.

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